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Chères amies, chers amis,

 

Comme beaucoup de citoyens qui naissent dans les innombrables républiques qui couvrent le continent africain, je croyais qu'il suffisait d'élire un "bon président de la République" c'est-à-dire un homme juste, équitable, compétent, etc. pour résoudre les problèmes politiques, économiques et sociaux auxquels sont confrontées les populations africaines. 

Mais, il ne me fallut pas longtemps pour comprendre la naïveté et pire encore, le danger d’une telle conception de la gestion de l’État.
Les deux proverbes africains ci-dessous, apparemment opposés, mais complémentaires, expriment cette vérité :

- tout d'abord, "un seul doigt ne lave pas le visage" 
(le meilleur président du monde ne peut changer son pays tout seul),  

- ensuite, "un seul poisson pourri fait pourrir tout le sac" 
(c'est ce qui arrive lorsque le président est vraiment "mauvais"...).

 

Cinquante ans après les premières vagues des indépendances africaines, il est de plus en plus évident que le vrai problème des États africains, c'est leur système politique jacobin, unitaire et centralisé. Il favorise le pouvoir d'un clan contre tous, il bride les initiatives et les énergies locales. 

 

Pour sortir de ce fourvoiement, il ne faut pas s’attendre à la venue au pouvoir d’un hypothétique maître de la compassion, homme providentiel ou messianique. Plus grave, à force de rechercher le mouton à cinq pattes, le risque c'est de se retrouver à fabriquer des monstres qui se retournent contre le même peuple qui a favorisé leur ascension jusqu'au trône.

Le peuple doit compter sur lui-même. Il doit user de tous les moyens possibles pour instaurer des « institutions fortes » comme l’avait exprimé le président Barack Obama dans un discours devant le Parlement ghanéen en 2009. Malheureusement, il faut reconnaître que le système actuel n'a pas été conçu à cet effet. Il ne fait que générer des hommes forts! Et tant qu'il y aura des hommes forts au pouvoir, ils cannibaliseront les institutions, ils n'auront aucun intérêt à mettre en place des organisations fortes qui porteraient atteinte à leur désir de suprématie ou les destitueraient du pouvoir. On est donc face à un serpent qui se mord la queue ! 

 

Après plusieurs années de recherche, j'ai découvert que le système politique de la Suisse est régi par des principes qui peuvent constituer de véritables antidotes aux problèmes de vivre ensemble, d'unité et de paix que connaissent les Etats africains : 

 

1- Le pouvoir de l'État est partagé entre un gouvernement central et des gouvernements locaux (entre la Confédération et les Cantons. Cela s'appelle le "fédéralisme" et conduit nécessairement à tenir compte de toutes les diversités culturelles et linguistiques. En plus, une organisation fédérale reconnaît aux pouvoirs locaux la compétence de ne déléguer au pouvoir central que ce qu'ils ne peuvent réaliser et rapproche les centres de décisions avec les bénéficiaires, c'est la "subsidiarité").  

2. Le gouvernement est collégial et rotatif (cela oblige à une alternance au pouvoir et annihile le risque d'avoir un homme fort au pouvoir. Les présidents sont membres du collège et tournent chaque année).

3. Le peuple exerce directement son pouvoir à travers deux principaux instruments de la "démocratie directe" : les initiatives populaires et les référendums.

4. Le pouvoir militaire s'exerce par un système de milice (ce qui évite que l'usage de la force militaire ne puisse être détourné par une caste quelconque qui serait tentée de concentrer ce pouvoir. Ce quatrième pilier, assorti du principe de neutralité de l'armée garantie la stabilité des trois autres). 

 

L'ensemble de ces considérations ainsi que d'autres qui leur sont connexes ou annexes m'a amené à élaborer un concept que j'ai baptisé "la fédéralitude".

 

Dans le mot fédéralitude, on retrouve la racine "fédérer" c’est-à-dire "unir, rassembler, harmoniser". Sachant qu'on ne change pas les gens, mais qu'on met en place les conditions de leur changement, notre mouvement a pour ambition de préparer l'opinion internationale à mettre en place les conditions pour changer de paradigme en matière de gouvernance des États caractérisés par la diversité : États multiculturels, multiethniques multireligions, etc. 

 

Lorsque les citoyens de notre village planétaire commenceront à penser (P), à sentir (S) et à vouloir agir (A) selon les principes de "la fédéralitude", les théories de la gouvernance mondiale pour la paix prendront tout leur sens.

Signalons enfin que si les peuples africains veulent rattraper leur retard en matière de développement, ils ne pourront indéfiniment se contenter que des innovations incrémentales (faire du neuf avec du vieux). Ils devront recourir aux innovations de rupture. En cela, la fédéralitude peut être considérée comme un premier saut qualitatif dans la marche vers la prospérité des populations à l'échelle mondiale.

 

Il y en aura toujours, certes, qui se diront encore que la Fédéralitude est trop idéaliste... Qu’ils sachent que ça fait plus de 50 ans que certains pays se croyant réalistes se sont en fait fourvoyés pendant tout ce temps. En effet, cela fait un demi-siècle qu'ils essaient de couper le baobab avec une lime à ongle. Il est temps de savoir qu’il vaudrait mieux utiliser une tronçonneuse.

Bien sûr que les changements sont toujours un peu déstabilisants. Mais, quelle satisfaction et quel temps gagné ensuite.

A vous, chers amies et amis qui êtes déjà habités par la vision de la fédéralitude, je vous encourage à semer le message dans le respect et la pédagogie avec constance et persévérance... Ne vous préoccupez point de la récolte. La Providence l'a déjà consigné dans son programme de l'évolution de l'humanité.

 

Fait à Paris, le 20 juillet 2014,

Pour une Afrique meilleure, dans un monde tout aussi meilleur.

José L. Mene Berre

José L. Mene Berre,

fondateur  du site  et
du concept de "fédéralitude"

 

 

 

 

 

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